
Dans le cadre de la Journée internationale des femmes et des filles en science, nous avons voulu confronter les préjugés qu'il peut y avoir sur les femmes à la réalité du terrain.
Pour cela, notre envoyée spéciale Ondine Lamy a interrogé trois volontaires en leur présentant huit préjugés sur les femmes dans les carrières scientifiques.
Nos invitées sont :
- Caroline Boyer (promo 2015) tech lead manager à Sopra Steria,
- Lucille Delaporte (promo 2022) entrepreneure consultante à Local'IT
- et Maïwenn Racouchot (promo 2021) post-doctorante en cybersécurité au CISPA
On les remercie énormément de s'être prêtées à l'exercice dont nous explorons le format pour la première fois. Voici leurs témoignages.
Préjugé n°1 : Les filles ne sont pas faites pour les maths ou la technologie
Caroline
C’est quelque chose qui est très très ancien. Mais il n’y a aucune raison, parce qu’on n’est pas génétiquement "câblé" pour de l’artistique et les gars pour les maths. Les profs ont plutôt constaté qu’en géométrie, ce sont souvent les filles qui dépotent. Ce préjugé est en train de changer, même s’il persiste encore, car il est générationnel. Petite anecdote : en terminale, un prof de maths m’a demandé : "Ah, tu veux aller en prépa maths ? Pas plutôt en bio ?" Et ma mère lui a répondu : "Bah non, si elle veut aller en maths, elle va en maths." C’est marrant qu’un prof de maths dise ça.
Lucille
C’est d’autant plus fou qu’on a des capacités d’analyse et de pragmatisme au moins égales à celles de n'importe qui d'autre. On a aussi une bonne vision à long terme. Prendre différents éléments en compte, on le fait déjà dans notre vie de tous les jours. Les maths et les sciences, c'est quand même être capable de prendre divers paramètres, les analyser pour obtenir un résultat cohérent. C'est littéralement résoudre des problématiques. Pourquoi on saurait moins faire ?
Autre élément qu'il me semble important de notifier, les premières personnes à avoir fait de l’informatique, ce sont des femmes : Ada Lovelace, Grace Hopper, les ENIAC Girls, etc
Maïwenn
J’ai partagé ces questions avec des doctorantes d’autres pays. C’est culturel, en fait. Certaines ont découvert en arrivant en Allemagne que les maths n’étaient pas considérées comme un domaine fait pour les filles, que ce soit en Allemagne ou en France. Quand on nous a répété toute notre vie que ce n'était pas fait pour nous et qu'on rencontre des difficultés, c’est normal de se dire que ce n’est pas fait pour les filles et de vouloir abandonner, mais ce n’est pas du tout le cas. Comme tout, c’est une question d’investissement, tout le monde peut réussir. C’est surtout culturel.
Préjugé n°2 : Les femmes réussissent moins bien dans les carrières scientifiques
Caroline
Les femmes réussissent moins bien dans les carrières en général, mais ce n’est pas de leur faute. Il faut toujours prouver qu’on a de la légitimité, surtout à soi-même, ce qui crée un gros syndrome de l’imposteur. On a tendance à minimiser notre savoir-faire et notre savoir, et on a du mal à se mettre en avant. Comme on se sent souvent en retrait, on ne se sent pas légitime pour demander une augmentation, participer à un salon, etc. C’est quelque chose qui revient très régulièrement, et dans ma boîte, on essaie justement de se battre pour ça. On fait notre travail de manière méticuleuse, mais on ne le met pas suffisamment en avant.
Lucille
Ce n’est pas une question de capacité des femmes, mais plutôt une question de culture. Les hommes sont tellement habitués à travailler entre eux, qu’il existe une multitude de codes dans lesquels les femmes et leur avis, n’ont pas été pris en compte. Non, les femmes ne réussissent pas moins bien, elles ont simplement une manière différente de travailler, et il faut prendre en compte cette différence. Et on dit les femmes mais chacun a sa manière de travailler. N’importe qui est capable de devenir manager ou de créer sa propre entreprise, il suffit de trouver son écosystème.
Il arrive aussi de se limiter parce que “les femmes réussissent moins bien”, mais il ne faut pas hésiter à demander ce qui nous semble juste. On sait ce qu'on vaut (quelque soit le genre) et personne ne peut le connaître mieux que soi-même, donc il faut oser s'imposer et se permettre de demander ce qui nous semble juste.
Maïwenn
C’est faux, c’est simplement un préjugé. Sur un ton moins positif : les femmes qui réussissent dans les carrières scientifiques sont souvent exceptionnellement brillantes. C’est en partie parce que ces carrières sont difficiles et qu’il n’y a pas de place pour l’ordinaire. On voit des femmes brillantes en sciences, mais c’est souvent tout ou rien. Ce manque de visibilité du "moyen" peut être décourageant. Sur un ton plus positif : on veut prouver qu’on a notre place ici. Il n’y a aucune raison que, parce qu’on est une femme, on réussisse moins bien ou comprenne moins bien. Ce n’est pas une fatalité biologique, mais plutôt une question d’éducation et de traditions. Ce préjugé a des conséquences, mais il n’a aucun fondement.
Préjugé n°3 : Les filles préfèrent les disciplines littéraires ou artistiques
Caroline
Comme pour la première question, c’est une idée préconçue. Il y a un conditionnement : on s’attend à ce qu’une fille soit plus méticuleuse. Petite anecdote : lors d’une réunion de famille, les garçons couraient partout, tandis que ma fille était plus posée. Pour la famille, c’était normal : "Bah oui, ce sont des garçons et c’est une fille." Mais en réalité, c’est juste une question de caractère. Comme on est généralement plus posées, on peut être orientées vers le travail manuel. Mais si on met une fille devant un ballon pendant 5 heures par jour, elle bougera, elle aussi.
Lucille
La preuve en est que ce n’est pas vrai, les préférences en termes de domaine ne dépendent pas du genre . On pousse les femmes à être plus dans ce rôle-là, à être plus "sensibles". C’est plus accepté qu’une femme soit sensible à l’art qu’un homme. Mais s’il y avait plus de sensibilité en science, on s’en sortirait mieux. C’est d'autant plus absurde que L’art et la créativité existent partout. En science, comment peux-tu innover sans créativité ? Comment peux-tu créer de nouvelles sociétés ou organisations sans créativité ? Ce n’est même pas possible !
Maïwenn
C’est pareil que pour la première question. Si on te répète depuis l’enfance que les maths ne sont pas faites pour toi, mais que l’art oui, forcément ça crée des conditions. Il y a une vraie beauté dans l’art et le social, mais il y en a aussi dans les maths. En art, ce serait dommage si tout le monde faisait la même chose (comme les films, par exemple). C’est pareil en science : avoir de la sensibilité, d’autres visions, c’est super positif. Ce n’est pas parce qu’on s’intéresse à d’autres disciplines qu’on n’aime pas les maths. D’ailleurs, ce serait bien que les hommes s’intéressent aussi à l’art 😛
Préjugé n°4 : Les carrières scientifiques sont trop exigeantes pour les femmes, surtout si elles veulent une famille
Caroline
Ces carrières sont exigeantes pour tout le monde, et la carrière scientifique n’est pas plus exigeante qu’une autre. Concernant la famille : est-ce que les enfants empêchent les femmes de se consacrer à une carrière ? Ça l’a encore un peu tendance à être le cas, mais ça change. Autour d’elle, les mamans restent souvent le noyau de la famille, mais les papas commencent à s’investir davantage. L’équilibre se centre davantage autour du couple maman/papa, ce qui permet de mieux rééquilibrer la vie professionnelle de la femme. Cela dit, les remarques persistent parfois, comme "et les enfants alors ?". Cela évolue, mais pas aussi rapidement qu’on le souhaiterait. Dans le domaine scientifique, vu qu’on travaille la réflexion, on a l’espoir de sortir de la situation de nos grands-parents, alors que dans certaines familles populaires, la place de la femme est encore souvent à la maison. Mais cela change petit à petit et dans le bon sens.
Lucille
Parce que les hommes ne veulent pas une vie de famille ? Qu’est-ce que ça veut dire, "trop exigeant" ? Cela dépend de comment on vit les choses, de l’organisation. D'abord les carrières scientifiques ne sont pas plus exigeantes que les autres. Chacun ses préférences, certaines personnes vont trouver les ressources humaines épuisantes par exemple, ou le secrétariat impossible. Là où d'autres personnes s'y plairont. On va simplement construire sa carrière différemment en fonction de ses envies, quel que soit son genre et son domaine..
Ensuite, c’est sûr, on est biologiquement différent, notamment avec la grossesse (9 mois !), mais chacun son organisation. (Je pense que moi, Ondine, je pourrais en parler !) Au début, je ne voulais pas d’enfants parce que j’étais entrepreneuse et ça me paraissait compliqué, mais en fait, c’est surtout une question d’organisation et de planification. J’adore monter mon projet à ma façon, et au final, ce n’est pas incompatible !
Maïwenn
C’est pareil pour moi, je n’ai que 25 ans, donc je n’ai pas encore vraiment envie de fonder une famille pour le moment. En France, on a une chance : une thèse, c’est seulement 3 ans. Après la thèse, on peut rapidement avoir une position stable en quelques années (0 à 5 ans), ce qui permet d’avoir une situation stable dans la trentaine, et donc une bonne base pour fonder une famille. Tous les systèmes ne sont pas aussi avantageux, mais celui-ci permet de concilier vie personnelle et professionnelle. Après la thèse, la charge de travail est intense, mais les horaires sont assez flexibles, ce qui rend ce domaine plutôt "family-friendly". Est-ce trop exigeant pour les femmes ? Si on prévoit une grossesse, on ne peut pas trop déléguer, mais après, il y a souvent deux parents. C’est un défi collectif ! En plus, en science, surtout en informatique, on a la chance de pouvoir travailler à domicile. En chimie, les femmes enceintes doivent arrêter de travailler dès le début de la grossesse à cause des produits chimiques, mais c’est un domaine "féminin". Alors pourquoi pas toutes les sciences ?
Préjugé n°5 : Les femmes dans les sciences sont moins respectées ou prises au sérieux
Caroline
Comme pour la question 2, je ne pense pas que ce soit le cas dans les sciences. Par rapport à mon expérience, quand tu arrives à une table, c’est qu’on estime que tu as ta place là. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui m’a dit : "Non, je ne t’écoute pas parce que tu es une femme." C’est difficile d’arriver à ce point, mais une fois que tu y es, tout va bien. C’est nous-mêmes qui nous mettons des barrières, et une fois qu’on les enlève, tout roule. Si quelqu’un ne t’écoute pas, c’est peut-être parce que ce que tu dis n’a pas de sens.
Lucille
C’est vrai, mais avec des nuances. Déjà les gens sont de plus en plus conscients de ces préjugés et essayent de lutter contre. Globalement, on est parfois moins prises au sérieux, ça peut paraître ainsi, mais ça ne veut pas dire qu’on doit nous-mêmes ne pas nous prendre au sérieux. On sait ce qu’on vaut, ce qu’on veut, et où on va. Ce n’est pas à un qui que ce soit qui refuse de nous écouter de décider de ce qu’on vaut, c’est à nous ! On a de l’aplomb, et ça se décline plus fort parce que justement on sait ce qu’on veut et ce qu’on vaut. On n’a pas besoin d’être écoutées pour savoir notre valeur, et si besoin, on tape du poing sur la table. J'ai souvent eu des remarques vis-à-vis de mes choix d'études ou de domaine. A force d'être confrontée à ces questions parfois innocentes, j'ai quand même bâti un avis solide sur la profession que je veux exercer et comment. Il y a aussi beaucoup de solidarité féminine, c’est très présent.
Maïwenn
D’après mon expérience, après 3 ans à TN, 3 ans de thèse, et maintenant en post-doc, je n’ai jamais été prise moins au sérieux à cause de mon sexe. Au contraire, les gens ont conscience des préjugés et essaient de lutter contre. Cela dit, il y existe sûrement des scientifiques qui ne sont pas très sympas (pour le dire poliment), mais c’est comme dans n’importe quel groupe. Parfois, on n’a pas vraiment conscience de ce problème, mais en parlant avec d’autres femmes scientifiques, on se rend compte que celles qui ne nous prennent pas au sérieux, c’est souvent nous-mêmes. Et ça, ça fait des ravages. La bonne nouvelle, c’est que ce regard intérieur est plus facile à changer qu’un regard global. En réalité, ce sera l’exception qu’une personne ne nous prenne pas au sérieux.
Préjugé n°6 : Les filles en sciences sont 'bizarres' ou 'geeks'
Caroline
Pas plus que les garçons, haha, c’est un bon résumé ! Il n’y a pas de geek partout. Le terme "geek" est aujourd’hui synonyme de passion, et j’espère que tout le monde, filles comme garçons, le sont. Il y a une différence entre geek et nerd. "Bizarre" est un mot un peu fort. Je pense que ce stéréotype vient du fait que, quand tu commences à avoir une carrière ou une famille, l’apparence peut devenir importante ou pas du tout. Quand on dit qu’elle est "bizarre", ça pourrait être à cause de son apparence, qui n'est pas forcément celle de Miss France. Si on me dit que je suis bizarre à cause de mon job ou de ma carrière, ça me va. Mais je pense qu’on dit la même chose des hommes. Dans l’info, les garçons ont aussi leur lot de stéréotypes. En bio ou en médecine vétérinaire, les filles ont aussi des stéréotypes, comme "les jolies filles sont là", mais tout ça, c’est juste une question d’apparence. En fait, la phrase de fou c’est "on est tous bizarres en fait".
Lucille
Je ne vois vraiment pas en quoi être geek est un problème. Est-ce que vous avez déjà vu les filles en école d’ingénieur ? Mais ça veut dire quoi "bizarre" ? Qui est-ce qui décide ce qui est bizarre ? Pourquoi serait-il "bizarre" ou "geek" pour une fille de passer 10 heures sur des jeux vidéo, et pas un mec ? Est-ce que faire la fête, vouloir aller en profondeur sur certains sujets, ou avoir les bons mots, serait plus bizarre chez une femme que chez un homme ? Fin honnêtement les femmes ne sont pas plus bizarres ou geek sur les autres. C'est les mêmes codes pour toutes les personnes du domaine. Est ce que ça correspond au personne qui sont dans ce domaine ou pas ? C'est la seule question à se poser 😁
Maïwenn
Quand j’ai parlé de ce cliché a des collègues femmes, l’une m’a dit en rigolant "Mais vous avez vu les hommes?" En réalité, la majorité des chercheurs et chercheuses sont sociables, on ne travaille pas dans notre coin. Malgré l’image qu’on peut avoir des informaticiens, cela ne s’applique pas à la recherche. Toutes les qualités qu’on associe aux femmes pour le domaine littéraire ou scientifique sont en réalité super importantes dans les sciences. Les filles ne sont pas plus bizarres ici que dans n’importe quel autre domaine. Dans chaque métier, il y a du vocabulaire spécialisé, mais ça ne fait pas de nous des femmes “bizarres”..
Préjugé n°7 : Les filles réussissent grâce à des quotas ou des privilèges, pas par mérite
Caroline
Ah, c’est horrible cette phrase. Ce genre de commentaire est la raison pour laquelle le syndrome de l’imposteur touche beaucoup de femmes. C’est un peu mon combat, parce qu’il y a des mesures mises en place (50/50, il faut des femmes, indicateurs hommes/femmes, etc.) qui sont souvent mises en avant par les entreprises, mais c’est tellement accentué que ça finit par être une excuse quand tu n’as pas eu une augmentation, par exemple. Si tu n’as pas eu d’augmentation, tu dois accepter la situation. Mais si ta collègue l’a eue, tu te demandes si c’est parce qu’elle le mérite, ou si c’est juste parce qu’ils ont voulu équilibrer le sexe dans l’équipe (donc pas basé sur le mérite). Il y a ce doute qui pèse, et ça alimente le syndrome de l’imposteur. En général, les augmentations sont méritées. Les entreprises ne vont pas distribuer de l’argent si ce n’est pas mérité. Ça peut paraître bien de promouvoir les augmentations de cette manière, mais cela peut devenir pernicieux. On se concentre sur la différence la plus évidente, et la différence de sexe devient cette première justification. Mais au final, on est toutes méritantes !
Lucille
Tout d'abord, toutes les entreprises ne respectent pas vraiment les quotas. Ensuite, les quotas ne s’appliquent pas à un seul service, mais à l’entreprise dans son ensemble (tous les services confondus). Donc, on ne prend pas le service informatique et on impose un 50/50. C’est l’ensemble de l’entreprise (finance, SI, commerce, etc.) qui doit tendre vers le 50/50. Quand tu as une seule fille pour toute l’équipe, voire tout l’étage, où sont les quotas ? On réussit parce que nous avons de réelles compétences, pas grâce à un quota. Les compétences varient selon chaque personne, homme ou femme. Aujourd'hui, les entreprises ont des besoins et chaque profil, quelque soit son genre, a des forces et des faiblesses qui correspondent aux attentes de l'entreprise ou non. Le marché du travail est très tendu, les entreprises ne peuvent pas se permettre de ne pas prendre la personne qui leur semble la meilleure !
Maïwenn
Ce préjugé m’énerve ! Comme mentionné dans d’autres réponses, les femmes qui réussissent sont extrêmement brillantes, et elles ne sont clairement pas là juste à cause de quotas. Il y a une vraie compétition, et il n’y a pas de place pour quelqu’un qu’on recrute par "compassion". Il y a des gens qui vont essayer de nous faire sentir légitimes et bien d’être là, mais au final, ce sont nos compétences qui parlent.
Préjugé n°8 : Il y a peu de débouchés pour les femmes dans les sciences
Caroline
Les sciences, c’est tellement vaste, je ne comprends vraiment pas ce stéréotype. Il y a toujours des débouchés. On nous dit souvent qu'il y a plus de débouchés après un bac S qu'après un bac L. Pour les femmes, je ne pense pas que ce soit un problème. Maintenant, si une entreprise fait de la discrimination à l’embauche à cause du sexe, elle se fait bien taper sur les doigts. Il y a autant, voire plus de débouchés que dans d’autres domaines.
Lucille
Mais… on est sur le même marché du travail, non ? On fait partie des mêmes équipes. C’est totalement faux, c’est pareil pour tout le monde, le fait d'être une femme ne fait pas disparaître des emplois. En ce moment, c’est difficile pour tout le monde. Tout le monde est logé à la même enseigne. Je n’ai pas vu de différence. Peut-être qu’on a même plus de "gnac" pour trouver un travail qui correspond à nos projets, à nos éthiques, à ce qu’on veut vraiment. C’est peut-être parce qu’on a longtemps été ignorées, et que maintenant, on peut enfin parler. On sait ce qu’on veut, on a tellement bataillé pour ça, on est vraiment à contre-courant de ce qu’on nous a dit.
Maïwenn
La recherche est un domaine très compétitif, il n’y a pas tant de postes disponibles, indépendamment de notre genre.Beaucoup de gens choisissent plutôt l’ingénierie que la recherche. Même si certains se réorientent vers l’entreprise après la recherche, c’est toujours une super expérience. Être une femme ne change rien à ce niveau-là. Si une équipe fonctionne bien, c’est parce que chacun apporte sa propre vision et son expérience. Une amie m’a fait remarquer qu’en tant que femmes, on veut toujours prouver qu’on a notre place, alors qu’un homme à la même place n’a pas besoin de se prouver qu’il est légitime, donc il a plus d’énergie à consacrer au réseautage ou à d’autres choses. C’est cette différence qui donne peut-être plus d’opportunités aux hommes. Mais c’est rassurant, car c’est un biais qui peut être corrigé plus facilement.
Le mot de la fin
Caroline
Les gens qui ont ces stéréotypes commencent à quitter le monde du travail. Ceux qui veulent changer cela commencent à prendre du grade dans le monde du travail.
Lucille
Il ne faut pas hésiter à s’informer, mais s’informer vraiment ⇒ contacter des gens, leur demander leur métier, comment ils travaillent, les rencontrer et observer comment ils exercent leur métier ! C’est une pensée un peu cachée, on n’y pense pas, mais elle est là. Au début, je ne pensais pas faire de l’informatique, j’ai essayé et j’ai adoré. On serait plein à vouloir montrer ce qu’on fait, il y a plein de stages de découverte maintenant. Si tu sais ce que tu veux, ne laisse personne te dire ce qui serait mieux pour toi !
Maïwenn
Ce qui est ressorti le plus de mes réponses, c’est que je n’ai pas envie de donner l’image que c’est tout rose, mais ce n’est pas plus rose ni moins rose que dans un autre domaine. Si ça t’intéresse, c’est définitivement quelque chose à faire ! Il faut essayer et se faire confiance. On est dans une société sexiste, mais les sciences ne sont pas plus sexistes que d’autres domaines. Il y a des images mentales qui nous influencent, on se met nous-mêmes des barrières. Le patriarcat fait qu’il y a des biais contre les femmes et il faut s’organiser pour se battre contre ça. Mais pour les barrières qu’on se pose toutes seules, on peut les identifier et lutter contre.